Le déficit des « administrations publiques » est un sujet économique récurrent, politique et parfois polémique.
Il est un clivage important entre les différentes composantes de la gauche.
Reviendra t-on sous les 3 % ? quand, comment ? Et pourquoi 3 % ?
La « légende » des 3 %, inventés sur un coin de table à Bercy,
http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20101001trib000554871/a-l-origine-du-deficit-a-3-du-pib-une-invention-100-francaise.html
ou justifiés par le calcul plus coin de table que comptable : avec 5% de croissance, et une dette à 60 % du PIB (pourquoi 60% ?),
un déficit de 3% du PIB (donc de 5% de la dette) diminue la part du stock de dette dans l’activité économique,
ou toute autre justification macroéconomique plus ou moins étonnante.
Le graphique de ce déficit, montre que, depuis 1975, le solde des finances publiques évolue, monte, descend,
mais reste bien négatif… il faudrait, pour qu’il permette une analyse économique, y faire figurer au moins la croissance en France, mais aussi la conjoncture européenne, le taux de chômage, etc…
Déficit public notifié
2010 2011 2012 2013
–7,0 –5,2 –4,9 –4,3
Il a bien des raisons d’être négatif, ce solde : un système de santé qui s’améliore avec le temps, et coûte ainsi plus cher, et donc des retraités pensionnés de plus en plus nombreux, des enfants, qui eux aussi ont des besoins avant d’être productifs, une habitude de traiter par la dépense publique les conflits et les difficultés, les priorités, auxquels s’ajoute maintenant le chômage, les intérêts de la dette…
Souvenons nous aussi de « la cagnotte » qui, lorsque les recettes étaient meilleures que prévu avait été utilisée comme arme politique pour que Jospin doive la dépenser, en période de cohabitation, plutôt que rembourser !
Et puis, en France, nous aimons transférer les dettes vers le public, garder nos actifs privés :
les ménages sont de grands épargnants, ils achètent d’ailleurs les emprunts publics !
en 2004 des procédures visant à la réduction des déficits excessifs ont concerné quatre États membres ans la zone euro (Grèce, France, Allemagne et Pays-Bas). Deux ont pris la décision de « rentrer dans les clous » (l’Allemagne sera excédentaire en 2014), deux ont considéré que cela pouvait attendre, que les petits chefs bruxellois étaient bien arrogants. Ils ont eu raison sur l’arrogance méprisante des fonctionnaires au chaud dans leur bureau, ils ont eu tort de différer aux calendes grecques les efforts à réaliser.
Alors, ces 3% faut il y aller, et comment ?
Certains, à l’extrême gauche, ne veulent pas de ce seuil des 3%, ou proposent de l’obtenir en ne payant plus les intérêts de la dette (2,5% du PIB) et dénoncent une dette « illégitime » qu’il faut analyser, auditer pour savoir quelle part est « acceptable », quelle autre est « non remboursable » … avec l’idée d’une faillite partielle : jeu dangereux dont on ne sait pas très bien, dans des économies très interdépendantes, où elle nous mènerait, et pour combien de temps nous en aurions… Certes, dans l’histoire, beaucoup de dettes ne furent pas remboursées, et on en a souvent oublié les cicatrices en termes de conflits conséquents, de violence souvent.
Je pense qu’aujourd’hui nous ne pouvons prendre un tel risque, créer un tel traumatisme économique, dont je ne suis pas certain que les futures générations nous sauraient gré, d’autant que point de sortie est incertain.
Une autre option est de dire : il faut revenir aux 3 % mais plus tard. Je pense que, cette fois, il est trop tard pour différer, les autres pays font des efforts de réduction du déficit, rentrent progressivement « dans les clous » et rester décalé peut compliquer les financements.
L’effort de résorption des déficits doit donc être poursuivi, avec trois nuances, précisions:
- se fixer sur un point : année n, 3 % est une erreur, il s’agit avant tout d’une trajectoire de réduction des déficits (je l’écrivais ici en décembre 2012 :http://bifaceb.unblog.fr/search/trajectoire).
De 2011-2012 à 2017, en partant de 5% de déficit, avec 1 % de réduction par an, ( 20 Mds € ! )on peut arriver à un budget à l’équilibre à la fin du septennat. Prévoir, en 2012, 3% en 2013 était aberrant *, fixer une trajectoire en la liant à une prévision d’augmentation du PIB (2% ?) pouvait, peut créer un climat de confiance en permettant de se projeter dans l’avenir.
- il y a bien des moyens de comptabiliser ce déficit (« primaire », « structurel ou conjoncturel », …) et je fais confiance à l’imagination de nos gouvernants pour, au bon moment, dire que telle ou telle partie (défense, université, …) est « en marge du déficit réel », et pouvoir, si la trajectoire est bonne, être considéré sur la trajectoire, sur le bon chemin, vers la bouffée d’oxygène de la réduction du passif et de l’expansion.
- il y a un effet déflateur économique classique d’une réduction des déficits, même s’il semble qu’on ait du mal à savoir si le plus récessif est la réduction des dépenses ou l’augmentation des recettes. C’est pour cela que les trajectoires doivent suivre une « ligne de crête » en les précipices de la déflation et de l’endettement « explosif ». Il y faut de l’habileté, du « fine tuning », et une bonne dose de pédagogie qui développe la confiance.
* http://www.lefigaro.fr/politique/2013/02/14/01002-20130214ARTFIG00647-deficit-de-3-un-enterrement-en-cinq-actes.php
Le premier ministre vient d’annoncer le plan d’économies, surtout composé, si j’ai bien compris de « gel » des taux, prestations, points d’indice. Je vois mal comment un gel fait plus qu’une économie par rapport à la tendance, et la difficulté avec les gels, les moratoires,
c’est qu’ils accumulent, stockent les demandes qui rendent d’autant plus difficile le « dégel »…
Enfin, si nous en sommes quitte, avec un seul gel, de nos engagements européens, de nos objectifs de réduction des déficits,
je serai heureusement surpris ! mais je crains que le plus difficile soit à venir !