grèce : les masques tombent
Posté par bifaceb le 29 juin 2015
Après avoir soufflé le chaud et le froid: alternativement « nous sommes tout prêt d’un accord »,
et « il y a encore beaucoup de travail à faire »
les commissaires européens ont fourni vendredi dernier un document à la Grèce sur ce qu’elle devait faire,
et Angela Merkel et alii ont cru bon de dire qu’il s’agissait d’une offre généreuse que la partie grecque devait accepter.
Grèce: une « généreuse proposition » (Merkel)
Angela Merkel a déclaré qu’elle et François Hollande ont exhorté Alexis Tsipras à accepter « l’offre exceptionnellement généreuse » des institutions.
Ce vendredi, les créanciers européens de la Grèce ont proposé jusqu’à fin novembre un paquet de 15,5 milliards d’euros d’aide pour le pays au bord du défaut de paiement, à condition de se mettre d’accord rapidement sur une série de réformes et de mesures budgétaires.
« Nous avons fait un pas en direction de la Grèce », a dit la chancelière allemande lors d’une conférence de presse à Bruxelles. « Maintenant, c’est au tour des Grecs de faire un pas identique. »
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En prenant acte, Alexi Tsipras a annoncé dans la soiré un référendum sur cette proposition,
un mémorandum qui ressemblait à un ultimatum.
Inquiétude dans les chancelleries qui toutes déclarent les négociations toujours possibles.
Il faut dire que, lorsqu’on voit le texte de la proposition de la commission, on devine qu’il n’était pas fait pour être publié, adopté :
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5270_en.htm, en bas, le paragraphe évasif du communiqué sur la dette et les mesures de relance n’étant pas dans le texte en négo, contrairement aux demandes des grecs.
C’est du techno bourreaucratique bruxellois, et cela ressemble à de l’ingérence pure et simple.
Peu de peuples seraient disposés à accepter ce type d’intrusion dans leurs affaires, avec des objectifs irréalistes (3,5% d’excédent primaire !) et des mesures qui vont dans le détail de la société grecque, sur les retraites, la TVA, …
La Grèce fera sans doute défaut demain pour 1,5 mds de dollars au FMI, cela semble anecdotique, tant le FMI ne représente que lui-même et est le grand fabricant mondial de liquidités via la « planche à billets », et, si le référendum grec dit non à l’ultimatum européen, le document se transformera en mémorandum base de travail: on pourra y inclure renégo de la dette, relance puisque la Commission elle -même l’écrit maintenant.
Et celui qui, sous prétexte du défaut partiel de paiement de moins de 2 mds de dollars, décidera d’exclure (comment?)
la Grèce de la zone Euro prendra une lourde responsabilité devant l’Histoire !
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En ayant fait diminuer le PIB de 25%, la politique menée par la troika a permis un excédent budgétaire primaire de 1%, une bonne règle de trois nous montre la pertinence de l’objectif de 3,5%, un taux jamais atteint par aucun pays, sauf pour une année parfois,…
Aucune dette de 180% du PIB n’a jamais été remboursée, et l’exemple de la dette allemande montre qu’en 1953, on le savait.
En refusant de discuter de ce point, la commission a commis une groose erreur, qu’elle tente de cacher en publiant dans son communiqué où elle détaille le mémorandum-ultimatum proposé-imposé cf : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5270_en.htm
un paragraphe sur ce qui était refusé au grecs dans le communiqué mais « dans l’idée des négociateurs ».
quand on lit le document de la commission , on retrouve les le style eurobourreaucratique qu’aucun peuple ne peut accepter, qui a été à l’origine du refus du TCE en 2005: peu de leçons tirées en 10 ans !
et, quand on le lit, on se demande à quoi ont servi les proconsuls de la troika depuis cinq ans !
Les grecs diront sans doute non, et, puisque merkel, juncker, sapin, disent que la négo est ouverte, ce sera le bon moment alors pour négocier sur de vraies valeurs, des objectifs réalistes, et certainement difficiles pour les deux parties !
Les termes d’un accord sain me paraissent pourtant simples :
- pas la peine de rédiger dix pages de blougi blouga bruxellois :
- les grecs s’engagent sur un excédent primaire d’au moins 1%,
à eux d’en trouver les voies et moyens
- les grecs s’engagent à ne pas augmenter les dépenses publiques
- les grecs s’engagent à ne pas diminuer les impots
- les grecs s’engagent à équilibrer ( d’ici 2022 ?)
le système des retraites, en particulier en limitant les préretraites
- les grecs peuvent mener des politiques pour faire croître leur PIB
- lorsque la croissance dépassera 1%, l’excédent primaire doit être augmenté de la moitié du surplus de croissance
- la dette grecque sera avant fin 2015 restructurée pour être viable, soutenable, remboursable.
d’ici là, les bailleurs permettent aux grecs d ‘honorer leurs échéances
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