des bateaux et des hommes

Posté par bifaceb le 29 juillet 2015

 

Entendu il y a quelques semaines cette réflexion sur une radio :
ces hommes et femmes noirs entassé sur des bateaux ne nous font-ils pas penser à la traite négrière, il y a trois siècles ?

L’image peut être frappante, le rapprochement tentant,
mais les différences sont bien plus importantes.

- Il y a trois ou quatre siècles, les bateaux étaient remplis de prisonniers,
enlevés dans leur pays d’origine,
maltraités,  traités pour ce qu’ils avaient vocation à être, de la force de travail monnayable,
le bateau étant organisé par ses propriétaires pour la survie des esclaves, fut-ce dans des conditions inimaginables de dureté.

-Aujourd’hui les passeurs, qui ont encaissé avant le départ, se soucient peu du bateau et de sa cargaison, des décès et du point d’arrivée,
souvent ils ont évité de conduire ces esquifs et attendent déjà les clients suivants.

Et, à l’arrivée, les sorts des deux populations débarquées n’ont rien à voir :

- esclavage pour les uns, quasiment aucun droit
(même si des « codes noirs » ont  tenté de limiter les excès),
et des devoirs : produire et se reproduire,  obéir et subir.

- des droits restreints, mais cruciaux pour les migrants arrivant sans visa en Europe :
protection juridique, soins médicaux, sans compter le soutien politique et médiatique.

On peut d’ailleurs noter qu’il y a deux siècles, des gens débarquant ainsi sur une côte suite à un naufrage, une erreur de navigation,
étaient bien souvent, en Méditerranée et ailleurs, volés et pillés, réduits en esclavage dans l’attente d’une rançon ou d’une revente.
Leur sort était alors extrêmement dur, et ils constituaient une richesse inattendue pour les habitants locaux, côtiers.

Ainsi, en deux siècles, notre civilisation est devenue plus humaine,
et le droit a concrétisé ces évolutions:

aujourd’hui un migrant, un homme ou une femme,
fut-il sans papiers et sans rien, sans bien,

n’est plus une « prise de guerre » ou « prise de mer »,
corvéable à merci, mais un humain qui a des droits,

et qu’il faut traiter avec dignité.

Evolution positive,
mais qui conduit beaucoup des accueillants à se méfier des arrivants,

à  plus les considérer à court terme comme une charge que comme une aide
même si, nous le savons, à terme, leur vocation est d’être notre pair, une richesse.

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